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Les auteurs de cette étude menée aux USA, dans un centre universitaire de référence pour les grossesses à risques, labellisé IHAB, réalisant 3 600 naissances/an,  et portant sur 478 nouveau-nés, ont souhaité savoir si une prise en charge non pharmacologique des nouveau-nés à risque d’hypoglycémie pouvait impacter favorablement leur risque d’être transférés en néonatologie, pour hypoglycémie.

Les auteurs rappellent que les nouveau-nés à risque d’hypoglycémie sont ceux qui naissent avec 1 ou plus des facteurs de risques suivants :

  • prématurés tardifs ou « late preterm » nés entre 34 et 36 SA + 6
  • bébés petits ou gros pour leur âge gestationnel
  • bébés nés de mère présentant un diabète

Les auteurs rappellent également qu’il existe un manque de consensus sur la définition de hypoglycémie chez le nouveau-né, sur la question de savoir s’il existe des risques associés à l’hypoglycémie transitoire et le seuil d’intervention idéal. On pense que l’hypoglycémie asymptomatique néonatale transitoire est un phénomène naturel qui se produit dans les heures suivant la naissance et qui a peu d’effet sur le bien-être général du nourrisson. Ce nadir de glucose peut, en fait, être un déclencheur physiologique qui facilite l’adaptation postnatale. Cependant on peut être amené à transférer un bébé en néonatologie à cause de valeurs de glycémies jugées trop basse, entrainant ainsi une séparation mère bébé et des effets iatrogènes.

La littérature récente suggère que des mesures préventives, telles que le peau à peau après la naissance, et la tétée au cours de la première heure de vie, peuvent améliorer l’homéostasie métabolique et prévenir ainsi les hypoglycémies. En particulier le peau à peau a montré qu’il stabilisait la glycémie, facilitait la mise en place de l’allaitement, en prolongeait la durée et pouvait être un soin fondamental dans l’amélioration de la santé du bébé à très long terme. De plus retarder, la première mesure de glycémie entre 60 et 120 minutes de vie, peut également diminuer le surdiagnostic d’hypoglycémie (nadir physiologique dans la première heure de vie) sans augmenter le taux de complications liées à l’hypoglycémie.

Le premier objectif était de réduire de 50 % le taux d’hospitalisation en néonatologie, grâce aux mesures suivantes :

  • Peau à peau au cours pendant les 4 premières de vie, y compris lors d’une naissance par césarienne, avec le père si la mère est indisponible
  • Tétée précoce dans la première heure de vie, puis toutes 2 à 3 heures, avec des compléments de lait maternel ou de lait de donneuses, ou de lait artificiel en fonction de la glycémie
  • Attention particulière aux quantités d’alimentation apportée au bébé,  en cas de survenue d’une hypoglycémie (cf AAP clinical report 2011)
  • Mesure de la première glycémie néonatale entre 60 et 120 minutes de vie (première glycémie à90 mn de vie) puis répétée avant chaque tétée

Les résultats :

Concernant les enfants à risque d’hypoglycémie, les taux de transferts en néonatalogie ont diminué de 17 à 3% après la mise en place de cette nouvelle prise en charge. Le nombre documenté de tétées et de peau à peau précoces pour les enfants à risques a augmenté. Le nombre d’enfant à risque transférés en néonatologie ne requérant pas d’apport de dextrose intra-veineux est passé de 5 à 0,7%. Aucun effet adverse n’a été observé avant ou après l’implantation de cette nouvelle pratique.

La conclusion des auteurs :

L’implantation d’une pratique d’amélioration de la qualité des soins promouvant le peau à peau et la première tétée précoce des enfants à risques d’hypoglycémie a été associée à une réduction du taux de transfert en néonatologie pour hypoglycémie.

Auteur : Laurence GIRARD