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En Octobre, l’Académie Américaine de Pédiatrie – AAP – a publié une mise à jour des recommandations pour un environnement de sommeil sans risques pour l’enfant jusqu’à un an, basées sur des études de cas témoins. En voici une synthèse.

En préambule des recommandations, les auteurs rappellent que les professionnels de santé sont encouragés à avoir des conversations ouvertes et sans jugement avec les familles sur leurs pratiques concernant le sommeil. Ils ajoutent que « des conditions médicales individuelles peuvent justifier qu’un professionnel de santé formule des recommandations différentes après avoir pesé les bénéfices et les risques relatifs.

  • Pour réduire le risque de MIN, les enfants devraient être placés pour dormir, complètement sur le dos,  pour toutes les périodes de sommeil, au moins jusqu’à l’âge de 1 an.

La position sur le côté n’est pas sûre et n’est pas conseillée. La position sur le ventre ou sur le côté augmente le risque de respirer à nouveau les gaz expirés, provoquant hypercapnie et hypoxie. La position sur le ventre augmente également les risques d’hyperthermie. Les données de la littérature suggèrent que la position sur le ventre altère le contrôle autonome du système cardio-vasculaire pendant le sommeil, particulièrement entre 2 et 3 mois de vie et il pourrait en résulter une moindre oxygénation cérébrale. Dans une étude menée aux USA, l’ampleur du risque de la position sur le côté est similaire à celle du risque sur le ventre (ORs 2 et 2,6 respectivement). De plus les enfants qui ne sont pas habitués à dormir sur le dos et qui y sont placés, sont aussi à plus grand risque que ceux qui en ont l’habitude ( adj OR 8,7 – 45,4). C’est pourquoi il est très important que chaque personne prenant soin du bébé le place sur le dos pour chaque moment de sommeil.

Une des raisons souvent citées par les parents pour coucher l’enfant sur le ventre est qu’ils perçoivent que leur bébé dort mieux et semble être plus confortable. Il est utile de rappeler aux parents qu’il est normal qu’un bébé se réveille fréquemment et il ne devrait pas alors être perçu comme un bébé dormant mal. Les études sur la physiologie que les enfants se réveillent moins souvent quand ils dorment sur le ventre. Cependant, la capacité à se réveiller est une réponse physiologique protectrice à des évènements qui représentent un « stressor » pendant le sommeil pour le bébé (hyperthermie, hypercapnie, autre …) et la capacité à faire de longues plages de sommeil ne devrait pas être considérée comme un avantage physiologique.

De plus, la position sur le dos n’augmente pas le risque d’étouffement et d’inhalation pendant le sommeil chez les enfants, même ceux présentant un reflux gastro-oesophagien. De plus, les enfants prématurés qui de fait ont un risque de MIN plus important que ceux nés à terme, devraient être placés sur le dos aussitôt que possible, et ce dès que leur état clinique est stabilisé.

Le soin peau à peau est recommandé pour toutes les mères et leurs nouveau-nés sans distinction du mode d’alimentation ou d’accouchement, immédiatement après la naissance ( aussitôt que la mère est cliniquement stable, éveillée et capable de répondre à son nouveau-né) et de façon ininterrompue pendant la première heure de vie. Par la suite, dans le cas où la mère a besoin de dormir ou de subir des soins, les enfants devraient être placés sur le dos dans leur berceau.

Une fois que l’enfant est capable de passer de la position sur le dos à la position sur le ventre et inversement, l’enfant peut rester et dormir dans la position qu’il a adopté.

  • Sur quoi faire dormir le bébé ?

Les bébés devraient être placés sur des surfaces de sommeil fermes ( matelas dans un lit de bébé homologué) recouverts par d’un drap housse sans autre linge de lit ou objets mous afin de réduire le risque de MIN et de suffocation. Un matelas ferme maintient la même forme et ne se déforme pas sous le poids du bébé. Les matelas mous ou à mémoire de forme sont susceptibles de créer un creux, et augmentent ainsi les risques de respirer à nouveau les gaz expirés ou les risques de suffocation si l’enfant y est placé ou roule sur le ventre. Les études sur les lits qui s’accrochent au lit parental ne sont pas encore disponibles et les parents devraient respecter les recommandations des fabricants concernant le poids de l’enfant.

Les sièges, tels que les sièges autos, poussettes, hamacs, porte-bébés, et écharpes de portage ne sont pas recommandés pour faire dormir un bébé de façon routinière, à l’hôpital ou au domicile, particulièrement pour les jeunes enfants. Une étude a montré que les bébés passent en moyenne 5,7 heures / jour dans un siège auto ou quelque chose d’équivalent, ce qui peut présenter d’autres inconvénients importants tels que potentialiser un reflux gastro-oesophagien ou une plagiocéphalie positionnelle. Les coussins d’allaitement ne sont pas recommandés pour faire dormir les bébés et sont responsables de plusieurs cas de décès. Il est également conseiller d’éviter tous les dispositifs commerciaux qui ne soient pas conformes à ces recommandations : matelas souples, préformés, etc …

  • L’allaitement maternel

L’allaitement maternel est associé à une réduction du risque de MIN. L’effet protecteur de l’allaitement augmente avec son exclusivité et est d’autant plus important qu’aucun lait de formule n’a été introduit. Une étude allemande a montré que l’exclusivité de l’allaitement au cours du premier de vie du bébé diminuait le risque de MIN par 2. De plus, l’allaitement même partiel a un effet plus protecteur que l’absence d’allaitement. Des études portant sur la physiologie du sommeil ont montré que les bébés allaités se réveillaient plus facilement que leurs homologues nourris avec des laits de formule.

  • Où faire dormir le bébé ?

Il est recommandé que les bébés dorment dans la chambre de leurs parents, à côté du lit parental mais sur une surface de sommeil séparée, idéalement au cours de la première année de vie, mais au moins pendant les 6 premiers mois, car cela diminue le risque de MIN d’au moins 50%, et que cela est plus sûr que de partager la même surface de sommeil ou que le bébé dorme dans une chambre séparée.

Etant donné qu’il a été montré que le partage du lit facilitait l’allaitement, dans son exclusivité et sa durée, certains ont proposé que les mères et les bébés allaités puissent partager le même lit, mais il n’existe pour l’instant aucune donnée qui soutiennent la conclusion définitive que le partage du lit avec les bébés les plus jeunes soit sûr, même sans facteurs de risques. Les enfants qui sont mis dans le lit de leurs parents pour manger ou être apaisés devraient retournés dans leur propre berceau quand la mère ou les parents s’apprêtent à s’endormir.

Par ailleurs, les fauteuils, canapés et sofas sont extrêmement dangereux lorsqu’un parent s’endort avec le bébé : les risques de suffocation sont très grands, le bébé se retrouvant piégé, coincé entre les coussins, ou recouvert par le corps de l’adulte. Il est important de bien insisté auprès des parents, 25 % des mères interrogées dans une étude, témoignant tomber de sommeil au cours des tétées de nuit dans un fauteuil ou un canapé.

Guidance pour les parents qui tombent dans le sommeil tandis qu’ils nourrissent leur bébé :

Le lieu le plus sûr pour faire dormir le bébé est un lit conçu pour pouvoir être proche du lit de ses parents. Toutefois l’AAP sait que les parents tombent fréquemment dans le sommeil alors qu’ils sont en train de nourrir leur bébé. Les données probantes suggèrent qu’il est moins dangereux de tomber dans le sommeil dans un lit d’adulte que dans un canapé ou un fauteuil. Il est important de noter qu’une grand proportion d’enfants qui sont retrouvés morts sont retrouvés avec la tête recouverte par le linge de lit. Par conséquent, il ne devrait se trouver dans le lit, ni oreillers, ni draps, ni couvertures ou quoique soit d’autre qui pourrait obstruer les voies respiratoires de l’enfant ou provoquer une hyperthermie. Et parce qu’il y a des preuves que le risque de MIN augmente avec le du partage du lit, si le parent s’endort tandis qu’il nourrit l’enfant dans son lit, l’enfant devrait être replacé dans son propre lit sur le dos aussitôt que le parent se réveillera.

Il existe des circonstances particulières, retrouvées dans les études de cas témoins ou dans les reports de cas, qui ont été montrées comme augmentant de façon substantielle le risque de MIN ou de blessure non intentionnelle ou de décès pendant le partage du lit et qui devraient être évitées tout le temps :

  • Quand un des deux parents ou les deux sont fumeurs même s’il ne fument pas au lit (OR : 2,3 – 21,6)
  • Quand la mère a fumé au cours de la grossesse
  • Quand l’enfant a moins que 4 mois, indépendamment du statut de fumeur ou non de ses parents (OR : 4,7 – 10,4)
  • Quand l’enfant est né prématurément ou de petit poids
  • Quand le partage du lit a lieu sur des matelas mou ou de petite taille tels que des lits d’eau, des canapés ou des fauteuils ( OR: 5,2-66,9)
  • Quand il y a plusieurs personnes partageant le lit avec l’enfant (OR : 5,4)
  • Quand le lit est équipé de couvertures et/ou d’oreillers (OR : 2,8 – 4,1)
  • Quand le parent a consommé de l’alcool (OR : 1,66 – 89,7) ou des drogues ou des médicaments altérant la vigilance
  • Quand l’enfant partage le lit avec un adulte qui n’est pas un des ses parents ( OR : 5,4)

Le partage du même lit entre jumeaux ou bébés multiples n’est pas recommandé.

  • L’utilisation de la sucette : Plusieurs études ont reporté un effet protecteur de l’utilisation de la sucette sur l’incidence de la MIN, bien que le mécanisme ne soit pas très bien compris.
  • L’exposition prénatale et post-natale à l’alcool et au tabac est un facteur de risque important, ainsi que celle aux drogues.
  • Eviter le confinement, l’hyperthermie et que la tête de l’enfant soit recouverte : bien ventiler les pièces au cours de la journée.
  • Suivre les recommandations en matière de vaccinations.
  • Les appareils de surveillance cardio-respiratoire à domicile n’ont pas montré leur efficacité et ne devraient pas être utilisés comme stratégies de prévention.
  • Sous la surveillance d’un adulte, le bébé devrait passer du temps sur le ventre quand il est éveillé, pour favoriser son développement et prévenir l’apparition d’une plagiocéphalie positionnelle, associée avec la position sur le dos et qui résulte le plus souvent du fait que :
  1. la tête de l’enfant est placée invariablement de la même façon pour le sommeil,
  2.  le bébé ne passe pas de temps éveillé sur le ventre
  3. l’enfant ne soit pas porté en position verticale lorsqu’il ne dort pas
  • L’emmaillotement :

Il n’existe aucune preuve pour recommander l’emmaillotement comme stratégie pour réduire la MIN. Les bébés emmaillotés ont un risque accru de décès s’ils sont placés sur le ventre ou qu’ils y roulent. Si l’emmaillotement est utilisé, les enfants devraient être placés sur le dos. Quand l’enfant montrent des tentatives pour se tourner, l’emmaillotement ne devrait plus être utilisé.

Auteur : Laurence GIRARD