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Dans cette étude pilote menée au CHRU de Lille (Vamour C & al. 2019) ,qui vient de revalider son label IHAB, les auteurs ont voulu connaitre l’impact du peau à peau de la mère avec son bébé, sur le confort maternel.

L’OMS recommande un peau à peau immédiat, ininterrompu et prolongé au cours de la première heure de vie et jusqu’à la première tétée au bébé, que la naissance ait lieu par voie basse ou par césarienne sans anesthésie générale. Nos actualités de février 2019 résumaient les différentes preuves de son intérêt lors d’une césarienne sans anesthésie générale pour la mère et pour son bébé.

les auteurs de la présente étude soulignent que le peau à peau avec la mère au cours de la césarienne est encore peu pratiqué en France à cause de barrières organisationnelles : manque d’espace dans la salle de césarienne, installation de la mère et de son bébé délicate, état de santé de l’une ou de l’autre, manque de temps et manque de personnel, défaut de connaissances sur les bénéfices tant de la part des professionnels que des parents, difficultés à surveiller le nouveau-né en peau à peau. La césarienne peut être une procédure stressante et douloureuse pour la patiente et des études antérieures n’ont pas toutes montré un bénéfice pour la mère à la pratique du peau à peau.

Les auteurs ont utilisé la variabilité du rythme cardiaque et l’analyse du tonus vagal pour évaluer le confort maternel au travers du score ANI : Anesthesia Nociception Index. Ils ont également comparé les échelles de valeurs numériques de douleur auprès des patientes avant et après le peau à peau; et analyser la faisabilité du peau à peau au cours de la césarienne.

La patiente a été installée en prévision d’un peau à peau avec son bébé dans de bonnes conditions :

  • tête relevée de 20°
  • électrodes placées dans le dos
  • perfusions sur le bras non-dominant
  • draps chirurgicaux placés le plus bas possible pour laisser de la place au bébé

Toutes les patientes reçoivent la même analgésie avant la césarienne et au cours de la césarienne le protocole habituel est suivi. A la naissance, le nouveau-né est placé en peau à peau en suivant le protocole habituel et prolongé si possible jusqu’à la fin de la césarienne.

Les résultats

  • 53 patientes ont été incluses dans l’étude pilote.
  • Le peau à peau était initié dans tous les cas dans une moyenne de 4 minutes de vie (2-14, IIQ (3-5)) après la naissance
  • La durée médiane était de 21 minutes (4-40, IIQ(12,3-29,5))
  • 2 nouveau-nés ont été au sein au cours du peau à peau pendant l’intervention.
  • Le peau à peau a été interrompu pour 24 patientes : 9 à la demande de la mère, 11 pour des raisons maternelles (vertiges, stress, douleur, hypothermie maternelle, somnolence, nausées, toux, malaise) et 4 pour des raisons néontales ( détresse respiratoire, pH bas). Pour ces patientes, en moyenne le peau à peau a duré 12,5 minutes ( 4-32)
  • Pour toutes les mères, la variabilité cardiaque et le tonus vagal ont été améliorés par le peau à peau comme le montre le score ANI effectué grâce à l’ECG.
  • Aucune ne s’est plainte de douleurs au cours de la césarienne et les scores, avant et pendant le peau à peau étaient tous nuls.

Les auteurs soulignent l’intérêt de leur méthode d’investigation du système nerveux autonome et de la balance sympathique /parasympathique par rapport aux échelles visuelles analogiques, pour montrer le confort maternel physiologique.

Ils font ainsi la preuve que le peau à peau modifie et améliore le fonctionnement du système nerveux autonome de la mère au cours de la césarienne; la même équipe ayant déjà montré l’impact du soin kangourou sur la mère de l’enfant prématuré en unités de soins intensifs ( Butruille 2017)

Auteur : Laurence GIRARD