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Les auteurs ont souhaité déterminer quels étaient les prédicteurs de compléments donnés à des bébés allaités dans leur hôpital labellisé IHAB et recertifié plusieurs fois, de type III, en Nouvelle Zélande, dans l’année 2012.

Ils ont examiné de façon rétrospective les données concernant 1530 nouveau-nés, à terme ou prématurés tardifs, singletons, et leurs mères, afin de déterminer ce qui avait conduit à compléter ces bébés. C’est la première étude incluant dans ses variables l’utilisation d’utérotoniques au cours du per-partum et le délai d’initiation du peau à peau ainsi que sa durée, dans un hôpital « Ami des bébés ».

Le contexte :

La Nouvelle Zélande a un taux d’initiation d’allaitement relativement élevé de 96%. Depuis 2001, une politique gouvernementale a conduit tous les hôpitaux à devenir « Amis des bébés », et les taux d’allaitement exclusif à la sortie sont alors passés de 56,6% en 2001 à 84,4% aujourd’hui.

Plusieurs études suggèrent que les compléments sont souvent associés à un Index de Masse Corporelle de la mère élevé, à un métissage ethnique, au tabac, à la primiparité, à la naissance par césarienne, à l’utilisation d’analgésies pharmacologiques et d’ocytocine synthétique au cours du travail, ainsi qu’au petit poids de naissance.

L’étude :

Elle a concerné 1 530 couples mères-bébé :

  • les mères étaient âgées en moyenne de 30,5 ans, d’origine européenne de façon prédominante (84,1%), maorèse (7,5%) et issues d’ethnies du Pacifique et asiatiques pour les autres.
  • Les bébés avaient en moyenne un poids de naissance de 3 528 g et l’âge gestationnel moyen était de 39,6 SA et seulement 2,2% d’entre eux avaient un AG inférieur à 37 SA.
  • 20% des femmes avaient eu un travail induit et 49,1% avaient bénéficié d’une analgésie.
  • 59,6% des femmes avaient eu un accouchement par voie basse normal, 11% une naissance instrumentale et 29,4% une césarienne.
  • 10 % des femmes n’avaient reçu aucun utérotonique, 54,8% en avaient reçu une fois et 4,9% en avaient reçu 3 fois et d’avantage
  • La majorité des enfants (62,8%) des enfants avaient pu bénéficier d’un peau à peau immédiat à la naissance et dans la première heure de vie, 96% des enfants avaient bénéficier du peau à peau avec leur mère, pour une durée médiane de 60 minutes.

Les résultats :

En moyenne, 15 % des bébés ont été complétés au cours de leur séjour à l’hôpital.

Les bébés plus souvent complétés sont ceux  :

  • Nés de mères en surpoids  : aRR : 1,46, 95% CI 1,11-1,93
  •  Nés de mères primipares : aRR: 1,40, 95%, CI 1,09-1,80
  • Nés de mères ayant reçu des utérotoniques en IM ou en IV, comparé à ceux issus de mères n’en recevant pas : aRR 2,47, 95% CI 1,09-5,55
  • Nés les plus jeunes avec un poids de naissance inférieur à 2 500g, comparé aux bébés nés à un poids entre 3 00 et 3 499 g : aRR 3,6 95% CI 2,32 – 5,6 ou ayant eu un épisode de peau à peau écourté.

Un peau à  peau d’une durée de plus de 65 minutes à la naissance réduisait grandement le risque de complément : aRR : 0,66 95%, CI 0,48-0,93

Les limites de l’étude sont celles des études rétrospectives basés sur l’analyse des données incluses dans les dossiers de soins informatisés.

La conclusion des auteurs :

L’identification des facteurs peut favoriser le développement d’interventions ciblées en ante-natal ou au cours du post-partum précoce pour l’éducation et le soutien aux mères. Il est aussi possible de réduire le risque de compléments par une utilisation judicieuse des utérotoniques au cours du per partum et la pratique du peau à peau pour une durée supérieure à une heure.

Auteur : Laurence GIRARD