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Dans quelles circonstances les bébés prématurés tolèrent-ils le mieux l’alimentation entérale : en peau à peau ou coucher sur le ventre dans leur incubateur ?

C’est ce qu’on voulu savoir les auteurs de cette étude quasi-expérimentale qui vient de paraitre, menée sur 30 enfants prématurés, nés entre 24 et 34 SA, hospitalisés en unités de soins intensifs néonatals et observés à un âge moyen de 33 SA (30-35 SA) et de poids moyen de 1 455 g (593 – 3080 g).

Le premier jour de l’étude, les bébés étaient placés en peau à peau. Ils recevaient le lait enrichi de leur propre mère, préalablement chauffé à 37°C, à l’aide d’une sonde oro-gastrique pendant une période de 30 minutes. A la fin des 30 minutes, le soin peau à peau était stoppé et les signes vitaux et de confort des bébés étaient enregistrés. Les signaux de confort /inconfort étaient évalués à l’aide de l’échelle COMFORTNeo*, et le volume gastrique résiduel était contrôlé 2H30 après la fin du repas. Tous les bébés étaient nourris toutes les 3 heures sur 1/2 h à l’aide d’une seringue électrique.

* Tandis qu’un score entre 4 et 6 sur cette échelle, indique un niveau modéré de douleur et de détresse, un score compris entre 7 et 10 montre un niveau de douleur et de détresse sévère.

Le second jour de l’étude, les bébés étaient couchés sur le ventre en position surélevée et bénéficiaient du même type et conditions d’alimentation, et de la même évaluation que le premier jour.

Les résultats montrent que :

  • 3 heures après la fin du repas, le rythme cardiaque est plus bas quand le bébé a pris son repas en peau à peau, 2 heures et demi plus tôt, plutôt que couché sur le ventre en position surélevée dans l’incubateur (147,6 +/-10,48 vs 156,6+/-10,56; p<0,001)
  • La fréquence respiratoire des bébés est plus basse à la fin du repas (55,03 +/- 5,86 vs 58,56 +/- 6,73; p<0,007) et 3 h plus tard ( 55,56 +/- 5,17 vs 58,76+/-6,68; p<0,011)  lorsque le bébé prend son repas en peau à peau
  • Les bébés  sont plus confortables lors du repas en peau à peau que couchés sur le ventre en position surélevée dans l’incubateur et ce, de façon très significative
  • Il n’y avait pas de différence statistiquement significative concernant la quantité de résidus gastriques suivant que les bébés prenaient leur repas en peau à peau ou couchés sur le ventre dans l’incubateur, bien que les résidus gastriques après le repas reçu en peau à peau, soient moindre 3 heures après le début de l’alimentation (0,04 +/-0,19 versus 0,10 +/-0,25; p=0,292)

Les limites de l’étude :

Cette étude n’inclut que des enfants en respiration spontanée, sans support ventilatoire ou respiratoire, nourris avec le lait de leur propre mère. D’autres études seront nécessaires pour déterminer l’impact du peau à peau sur l’alimentation chez des enfants bénéficiant d’une CPap et/ou nourris avec des substituts du lait lait maternel.

Cette étude est la première à évaluer le confort et les signaux vitaux des bébés nourris en peau à peau ou sels dans leur incubateur. Elle montre l’intérêt pour le bébé de recevoir son alimentation en peau à peau. En France plusieurs équipes pratiquent déjà le soin peau à peau au moment de l’alimentation.

Auteur : Laurence GIRARD