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Cette étude est la première à étudier à l’échelle d’un pays la diffusion des soins de développement et l’impact des programmes structurés sur cette diffusion.

Les objectifs de cette étude prospective sur une cohorte nationale étaient :

  • Dresser un état des lieux des pratiques de soins de développement en France en 2011 pour les prématurés de moins de 32 SA
  • Analyser les évolutions depuis 2004
  • Identifier les facteurs associés aux pratiques de soins

Toutes les unités de soins intensifs des centres de type III ( 66 centres au total, 3005 enfants sortis vivants ) ont répondu à l’enquête menée à partir de questionnaires structurés de la cohorte EPIPAGE 2.

Le questionnaire a permis de fournir des données sur l’âge du bébé lors du premier peau à peau, sur le soutien fourni au bébé lors des repas (enveloppement, succion ou encore peau à peau), l’initiation de la lactation chez la mère et la protection contre la lumière et le bruit.

Les principaux résultats ont analysé la présence ou non de soin kangourou et d’initiation de la lactation dans la 1ère semaine de vie, et ont été corrélés aux politiques de service concernant le soin kangourou et l’allaitement.

Les résultats montrent que :

  • 89 % des unités sont ouvertes aux parents 24h/24
  • Seulement 11% offrent simultanément des facilités pour les parents telles que lit, salle de bains et salle pour déjeuner dans l’unité.
  • Le soin kangourou est proposé en routine aux mères dans 64% des unités, et aux pères dans 53 %.
  • Un professionnel dédié à l’allaitement est disponible dans 88% des unités mais dans 39 unités sur 58, il n’a reçu aucun formation spécifique dans le domaine.
  • La formation aux programmes de soin de développement qu’ont suivi les professionnels sont pour 17 % des unités,  le NIDCAP, pour 12%, le programme sensori-moteur, et dans 27% des unités, des professionnels ont suivi un séminaire de sensibilisation aux soins de développement de 2 jours – NIDCAP, tandis que dans 44% des unités, les professionnels n’ont reçu aucune formation.
  • Le soin kangourou est pratiqué pour 61% des nouveau-nés ais avec de fortes différences suivant l’âge gestationnel du bébé
  • L’initiation de la lactation est effective pour 62 % des mères. Cependant moins de 10% des bébés sont exposés au sein de leur mère, tandis que 39 % des parents sont impliqués dans l’alimentation de leur bébé.
  • La protection contre la lumière directe est courante et environ 1/3 des bébés sont hospitalisés dans des chambres individuelles.

pierrat2016

Les facteurs associés au soin kangourou et à l’allaitement sont :

  • La proportion de bébés initiant du soin kangourou est corrélée à la politique du service de façon significative : 68 % des bébés initient du soin kangourou dans le groupe où le soin kangourou est encouragé souvent ou en routine auprès des mères et des pères sans limitation de durée ( groupe 3) contre seulement 39 % des bébés dans le groupe où la politique est la plus restrictive (groupe 1), soin kangourou seulement sur la demande de la mère ou du père avec des restrictions de durée (minimale et maximale). Après ajustement des variables, la politique du service et la présence d’une formation et son type sont significativement associées avec l’initiation du soin kangourou : OR 3,3 95% CI, 1,5-7,4 pour le groupe 3 comparé au groupe 1 et 0R 3,5 95% CI, 1,8-7,0 pour la formation NIDCAP comparé à l’absence de formation.
  • La proportion de bébés dont les mères commencent à tirer leur lait est plus forte dans les unités ayant une politique d’allaitement de haut niveau : unités où un professionnel formé à l’allaitement et à la lactation humaine est disponible à temps plein pour soutenir les mères (groupe 3).
  • Les unités formées au programme sensori-moteur ont moins tendance à proposer du soin kangourou dans la première semaine de vie que les autres.
  • Moins de 30 % des unités utilisent une échelle pour évaluer le comportement du bébé, ce qui est plus faible qu’en 2004.