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Peut-être pas, répond cette étude parue en septembre 2018 dans Nutrients.

Les auteurs de cette étude danoise ont souhaité connaître le devenir staturo-pondéral d’enfants exclusivement allaités au moins jusqu’à 4 mois,  présentant une augmentation de poids de plus de + 1 SDS de poids pour l’âge en les comparant à des enfants dit de poids normal, présentant une variation du poids de +/- 1 SDS pour l’âge, en les suivant à la naissance, à 5 mois, 9 mois et 18 mois d’âge.

Le lait de début (10ml)  et de fin d’expression (10 ml) des mères a été analysé à 5 et 9 mois.

Des échantillons sanguins des bébés (10ml) ont été analysés à 5 et 9 mois, après 2 heures de jeûne.

Les résultats :

Les bébés qui présentaient une prise de poids élevée, présentaient également un pourcentage de masse grasse élevée à 5 et à 9 mois.

Si la quantité de lait maternel bu, par 24 h, par les bébés, ne différait quasiment pas entre les deux groupes, le taux de leptine du lait des mères de bébés présentant un poids excessif était significativement plus bas à 5 mois, mais non à 9 mois.

Les bébés du groupe présentant un poids excessif à 5 mois montraient des signes d’appétence importants pour la nourriture, un appétit plus grand et semblaient moins sensibles aux signaux internes de satiété. Il semblerait également que leur sommeil soit moins long que les bébés ayant moins grossi.

Les taux sériques de leptine des bébés présentant une prise de poids la plus importante étaient doublés par rapport aux taux de ceux présentant une prise de poids plus basse. A 9 mois, les taux de leptine étaient encore plus élevés mais seulement de 25%. Il n’existait pas de corrélation entre les taux de leptine sériques des bébés et les taux de leptine du lait des mères. A 5 mois et à 9 mois, il existait une corrélation entre les taux de leptine sériques et le taux de masse grasse des bébés.

A 18 mois, la plupart des 12 bébés qui avaient présenté un poids élevé dans les premiers mois de vie avaient rejoint les valeurs normales pour le poids pour l’âge et pour l’indice de masse corporelle, à l’exception de 3 d’entre eux qui conservaient des valeurs supérieurs à + 2 SDS pour l‘indice de masse corporelle.

La conclusion des auteurs :

Les auteurs suggèrent que la leptine pourrait influencer le début d’une prise de poids excessive et faciliter plus tard le retour à la normal de la croissance, mais les mécanismes ne sont pas connus. Ils précisent qu’il est nécessaire d’explorer cette question par des études à venir, en particulier pour comprendre comment la leptine influence la croissance postnatale précoce. La valeur moyenne de l’indice de masse corporelle se situait dans la fourchette normale supérieure à 18 mois, mais trois nourrissons présentaient encore un indice de masse corporelle supérieur à +2 SDS et leur devenir staturo-pondéral reste incertain, et peut-être péjoratif. Dans cette perspective, il est intéressant de noter que dans une vaste étude, mesurant l’indice de masse corporelle entre 8 et 10 ans, il y avait une association inverse très significative entre les valeurs de leptine sérique des nourrissons et l’indice de masse corporelle une fois devenus enfant, ce qui suggère un effet de programmation. Un autre résultat important est que nous n’avons observé aucune différence entre les groupes dans de nombreux paramètres métaboliques, y compris les lipides sanguins, les paramètres hépatiques et les marqueurs d’inflammation à 5 ou 9 mois, ce qui suggère qu’il n’y avait aucune perturbation métabolique majeure dans le groupe ayant pris le plus de poids. Toutefois, un suivi à long terme est nécessaire pour évaluer le risque à long terme de surpoids et d’obésité chez ces bébés.

Auteur : Laurence GIRARD