Le « Biological Nurturing » ou « position d’allaitement biologique » est une approche qui consiste à encourager la mère à allaiter dans une position semi-allongée, où son dos, sa nuque et ses épaules sont soutenus, et où tout le corps du bébé est en position ventrale contre celui de la mère, comme pendant le peau à peau.
Cette étude a cherché à évaluer l’efficacité de ce positionnement sur les problèmes de mamelons ou de seins au démarrage de l’allaitement.
Il s’agit d’une étude randomisée contrôlée monocentrique comparant en parallèle, un groupe intervention bénéficiant de l’approche Biological Nurturing et un groupe contrôle bénéficiant des pratiques habituelles de la maternité, lesquelles sont basées sur le cours de 20 heures de l’OMS-Unicef où les soignants apprennent à la mère à allaiter en position assise.
L’étude s’est déroulée entre mars et décembre 2018 dans une maternité italienne de niveau 3.
Il y avait 90 mères dans le groupe expérimental et 98 mères dans le groupe contrôle.
L’objectif principal de l’étude était d’évaluer la fréquence de survenue de problèmes de mamelons ou de seins pendant le séjour ; les objectifs secondaires étaient d’évaluer les problèmes de mamelons ou de seins pendant le suivi, la prévalence de l’allaitement exclusif à la sortie, à 1 semaine, à 1 mois et 4 mois, la fréquence du recours au bout de sein en silicone, le degré de satisfaction maternelle avec l’allaitement et la faisabilité du Biological Nurturing en milieu hospitalier.
Les deux groupes présentaient des antécédents et des caractéristiques similaires. Dix mères originellement assignées au groupe expérimental ont finalement reçu le soutien habituel et cinq mères assignées au groupe contrôle ont bénéficié de l’approche Biological Nurturing.
Les résultats ont été analysés en intention de traiter :
- L’intervention était efficace sur la fréquence des problèmes de lésions des mamelons au démarrage (moins 58% à la sortie, RR 0.42, IC 95% 0.24, 0.74) et à 7 jours (moins 60% RR 0.40, IC 95% 0.22, 0.73), ainsi que sur la fréquence des mamelons douloureux (RR 0.59, IC 95% 0.40, 0.88)
- L’intervention était également efficace sur la survenue de problèmes de mamelons ou de seins, évalués jusqu’à la fin de la période de suivi (diminuée par 2 ; RR 0.51, IC 95% 0.28, 0.95)
- Il y avait une tendance à une prévalence plus élevée de l’allaitement tout au long du suivi dans le groupe intervention mais la différence n’était pas statistiquement significative.
- Il n’y avait pas non plus de différence significative entre les groupes pour le recours aux protèges mamelons en silicone ou pour le degré de satisfaction maternelle.
- Concernant la faisabilité de l’approche Biological Nurturing, seul un nombre limité de femmes ont refusé de participer. Trois femmes du groupe expérimental ont retiré leur consentement après l’accouchement, suggérant un lien possible avec l’allocation à cette approche. En outre, pour des raisons que les auteurs n’ont pas étudiées, un plus grand nombre de femmes de ce groupe sont passées dans l’autre groupe (10 versus 5). Pour les auteurs de l’étude, le changement de groupe a cependant été très limité, les femmes ont répondu positivement à l’approche Biological Nurturing et leur degré satisfaction à l’égard de l’allaitement ne différait pas de celui du groupe de pratiques habituelles. Cette approche était sûre et aucun événement indésirable ne s’est produit.
Conclusion : la pratique de l’allaitement en position de Biological Nurturing est associée à une réduction significative des problèmes de mamelons, notamment au démarrage de l’allaitement. Pour les auteurs de l’étude cela s’explique vraisemblablement par un auto-attachement au sein et une prise du sein facilités quand la mère se positionne en posture semi-allongée, celle-ci favorisant l’expression d’un comportement inné de recherche du sein par l’enfant. Concernant l’absence de différence significative dans la prévalence de l’allaitement jusqu’à la fin de la période de suivi, les auteurs pensent que cela est dû à la qualité de l’accompagnement après la sortie de maternité par les services de santé communautaires qui sont labellisés IHAB depuis 2014, ainsi qu’à un défaut de puissance de cohorte, celle-ci ayant été principalement conçue pour déceler des différences dans la prévalence de problèmes de mamelons ou de seins. Un essai de plus grande ampleur dans un autre centre pourrait utilement conforter ces données encourageantes sur l’efficacité de cette approche.
Résumé : Gisèle Gremmo-Feger