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Un Clinical Report sur les soins du cordon du nouveau-né est paru en septembre 2016.
Il fait le point sur les recommandations de l’OMS datant de 2014, les dernières données de la littérature et apporte des recommandations générales pour les pays à haut revenu où les bébés naissent dans des maternités et pour les pays à faibles revenus où les bébés naissent à domicile, dans de mauvaises conditions d’hygiène.

Ce qui est constaté :

Dans les pays aux ressources limitées, le risque d’omphalite est 6 fois plus grand chez les enfants nés au domicile que dans une maternité. La zone ombilicale et le bout de cordon dévitalisé fournissent un environnement idéal pour la croissance des bactéries issues de la flore vaginale maternelle ou d’autres sources : mains non désinfectées de la personne réalisant l’accouchement et la section du cordon, matériel souillé … Stapholoccus aureus est la bactérie la plus souvent reportée mais elle n’est pas la seule incriminée. Ceci peut conduire à de multiples complications infectieuses, car l’ombilic donne un accès direct à la circulation sanguine générale : abcès intra-abdominaux, cellulite peri-ombilicale, thrombophlébite de la veine porte ou ombilicale, péritonite ou encore ischémie intestinale.

Dans les pays à haut niveau de ressources, les omphalites néonatales sont maintenant rares, avec une incidence de 1 / 1000 enfants (Canada) dont le cordon n’a subi aucune désinfection et qu’on a seulement laissé séché de lui-même.

Cela a conduit l‘OMS a promulgué des recommandations différentes en fonction des conditions de naissance ( domicile ou maternité, pays à faible ou haut niveau de revenus) en 2014 : laisser sécher le cordon sans antisepsie pour les enfants naissant dans une maternité ou dans des communautés à faible mortalité néonatale et appliquer de la chlorhexidine en solution ou en gel pour les enfants naissant à domicile, dans une communauté avec une mortalité néonatale forte.

Cependant les pratiques de soins de cordon, avec ou sans antiseptique, restent un sujet de controverse, y compris dans les pays à haut niveau de revenu.

Ce qu’apporte les dernières données de la littérature :

Des études menées dans le Sud de l’Asie, dans des communautés présentant une mortalité néonatale élevée, l’application de chlorhexidine en solution ou en gel dans les 24 premières heures de vie, réduit de façon significative le taux d’omphalites et la mortalité néonatale, comparé au fait de seulement laisser le cordon sécher.

D’autre part, les métanalyses ont montré peu de bénéfices pour les enfants nés en milieu hospitalier à appliquer un antiseptique.

Si l’application de chlorhexidine parait sûre, on retrouve des traces de chlorhexidine dans le sang des enfants quand elle est utilisée pour la désinfection du cordon ombilical. Des dermatites de contact sont retrouvées chez 15% des enfants de très petits poids de naissance après utilisation d’une compresse imprégnée de chlorhexidine à 0,5%, lors de la pose d’un cathéter veineux central. Les données sur la sûreté de l’application de la chlorhexidine sont incomplètes et la quantité de chlorhexidine à considérer comme sans danger est inconnue. De plus, l’OMS a montré en 1998 que les stratégies antiseptiques pour réduire la colonisation bactérienne pouvait aussi avoir des effets délétères inattendus en sélectionnant des souches bactériennes plus virulentes sans montrer de bénéfices à leur utilisation.

Dans la pratique clinique, les recommandations de l’AAP :

  • Promouvoir une colonisation non pathogène du cordon ombilical en laissant la mère et à son bébé ensembles, afin de favoriser une colonisation bactérienne à partir de la flore maternelle, et non des germes nosocomiaux. L’AAP n’en parle pas, mais on pourrait recommander le peau à peau mère-bébé pour améliorer cette colonisation de bon aloi.
  • Si l’enfant nait en milieu hospitalier ou dans un pays à haut niveau de revenu, laisser sécher le cordon en le gardant propre, exposé à l’air ou seulement recouvert par des vêtements propres. Si le moignon devenait suintant, le nettoyer avec du savon et de l’eau stérile.
  • Eduquer les parents à reconnaître les signes d’une omphalite afin de permettre une prise en charge rapide et diminuer le risque de morbi-mortalité.
  • Dans les pays à faibles ressources quand l’enfant nait au domicile, appliquer un anti-septique est recommandé.

 

Et vous, dans votre équipe, utilisez vous encore un antiseptique de façon systématique pour la désinfection du cordon ombilical ?

Auteur : Laurence GIRARD