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Les bénéfices de l’allaitement maternel pour les femmes qui le pratiquent, ne concernent pas seulement des pathologies rares, bien que graves, tels que les cancers du sein ou de l’ovaire, mais aussi des pathologies chroniques, beaucoup plus fréquentes, telles que les maladies cardio-vasculaires, l’hypertension, le diabète, ou encore l’endométriose, et l’allaitement peut changer de façon déterminante la trajectoire de santé d’une femme pour tout le restant de sa vie.

Plusieurs études parues au cours des derniers mois l’ont bien démontré :

Allaitement maternel et risque d’hypertension chez la mère

Park S & Choi NK ( 2018). Breastfeeding and maternal hypertension. American Journal of hypertension

Cette étude a souhaité savoir si l‘allaitement maternel influe par lui-même sur l’hypertension artérielle maternelle et si le degré d’obésité ou de sensibilité à l’insuline contribue à la relation entre l’allaitement maternel et l’hypertension chez les femmes ménopausées.
 3 119 femmes non-fumeuses postménopausiques, âgées de 50 ans et plus, ont été incluses dans le cadre du programme 2010-2011 Korea National Health
et nutrition. Nous avons effectué une analyse par régression logique pour examiner la relation entre allaitement maternel et hypertension et une analyse de médiation pour examiner les contributions de l’obésité et de la sensibilité à l’insuline dans la relation entre l’hypertension et l’allaitement maternel.

Les conclusions des auteurs montrent que allaiter un plus grand nombre d’enfants, et une durée plus longue d’allaitement sont associées avec un risque d’hypertension artérielle plus bas chez las femmes post-ménopausiques, que le degré d’obésité et de résistance à l’insuline diminue cette association.

Allaitement maternel et progression des taux de diabète sur 30 années après l’accouchement

Gunderson,EP et al. (2018). Lactation duration and progession to diabetes in women across the childbearing years The 30-Year cardia Study – JAMA Intern. Med

Cette étude a été menée sur 1238 femmes, suivies pendant 30 années dans le cadre d’une étude prospective aux USA, la cohorte CARDIA, sur des femmes recrutées entre 1985 et 1986, alors qu’elles étaient âgées de 18 à 30 ans, d’origine caucasienne ou afro-américaine, et qui avaient eu au moins un enfant et pour lesquelles on a comptablisé la durée de l’allaitement et on avait effectué un dépistage du diabète au moins 7 fois au cous des 30 années, soit entre 1986 et 2016.

Les résultats font apparaître 182 cas de diabète au cours de la durée totale du suivi ( 27 598 personnes-années ) et un taux d’incidence globale de 6,6 cas par 1 000 personnes-années (IC à 95 %, 5,6-7,6); et les incidences chez les femmes ayant présenté un  diabète gestationnel ou non,  étaient respectivement de, 18,0 (IC à 95 %, 13,3-22,8) et de 5,1 (IC à 95 %, 4,2-6,0),(P pour différence <. 001).

La durée de lactation a montré une forte association inverse et corrélée avec l’incidence du diabète.
Le Hasard Ratio ajusté pour la durée d’allaitement varie en fonction du nombre de mois d’allaitement ( i.e. de traitement ) comme suit :

  • Jusqu’à 6 mois non inclus, il est de  0,75 (95%CI, 0,51-1,09);
  • Entre 6 mois et 12 mois non inclus, il est de 0,52 (95 %CI, 0,31-0,87),
  • Plus de 12 mois, il est de 0,53 (0,29-0,98) par rapport à aucun jour d’allaitement  (0 jours) (P pour la tendance = 0,01).

Cette étude n’a montré aucune association entre l’origine caucasienne ou afro-américaine, la présence d’un diabète gestationnel ou la parité et la survenue d’un diabète.

Les auteurs précisent que d’autres études à venir seront nécessaires pour élucider le mécanisme pouvant expliquer une telle relation.

Allaitement maternel et risque d’endométriose :

Farland, LV, et al (2017). History of breast feeding and risk of incident endometriosis: prospective cohort study, The British Medical Journal,

Cette étude a révélé que la durée de l’allaitement maternel total et exclusif était associée de façon significative à une diminution du risque d’endométriose.

Parmi les femmes qui ont déclaré une durée totale de l’allaitement maternel de moins d’un mois au cours de leur vie,

  • 453 cas d’endométriose/100 000 personnes-années ont été signalés,
  • comparativement à 184 cas/100 00 personnes-années chez les femmes qui ont déclaré un total de 36 mois d’allaitement maternel au cours de leur vie.
  • Pour chaque période supplémentaire de trois mois d’allaitement maternel par grossesse, les femmes présentaient un risque réduit d’endométriose de 8 %.
  • Pour chaque période supplémentaire de trois mois d’allaitement maternel exclusif par grossesse, le risque était réduit de 14 %
  • Les femmes qui ont allaité pendant 36 mois au total tout au long de leur vie reproductive présentaient un risque d’endométriose réduit de 40 % par rapport aux femmes qui n’avaient jamais allaité .

L’association avec l’allaitement maternel total et l’allaitement exclusif,  sur l’endométriose, a été partiellement influencée par l’aménorrhée postpartum, qui a été prolongée par l’allaitement maternel.

Allaitement maternel et risque de sclérose en plaques (SP) :

Langer-Gould, A (2017), Breastfeeding, ovulatory years, and risk of multiple sclerosis. Neurology

Cette étude a révélé que les mères qui allaitent pendant 15 mois ou plus pendant une ou plusieurs grossesses courent un risque plus faible de développer une Sclérose en Plaques – SEP ou un syndrome clinique précurseur. Les auteurs ont observé que cela concordait avec les autres avantages connus de l’allaitement maternel pour la santé maternelle et avec leur observation antérieure selon laquelle les femmes atteintes de SEP qui allaitent exclusivement au sein sont moins à risque de rechute en post-partum.

L’allaitement maternel et risque de cancer de l’endomètre :

Jordan, S et al (2017) Breastfeeding and Endometrial Cancer Risk: An Analysis From the Epidemiology of Endometrial Cancer Consortium. Obstetrics & Gynecology

Cette méta-analyse australienne a regroupé les données issues de 17 études pour évaluer l’association entre l’allaitement maternel et le risque de cancer de l’endomètre. L’étude a révélé que l’allaitement maternel était associé à une réduction du risque de cancer de l’endomètre et que plus la durée moyenne de l’allaitement maternel par enfant est longue, plus la réduction du risque est importante. Les auteurs ont conclu que la réduction du risque de cancer de l’endomètre peut être ajoutée à la liste des avantages maternels associés à l’allaitement maternel et que la promotion, le soutien et la facilitation de l’allaitement maternel contribuent à la prévention de ce cancer de plus en plus courant.

Auteur : Laurence GIRARD