Impact de la précocité, de la régularité et de la durée quotidienne du soin kangourou sur la santé de bébés prématurés nés entre 24 et 28 SA
Dans une étude parue en octobre 2018, dans les Archives de Pédiatrie, les auteurs ont étudié l’efficacité du peau à peau chez les prématurés selon la régularité, la durée et la période du premier contact.
Cette étude observationnelle rétrospective a porté sur 26 nouveau-nés prématurés d’âge gestationnel compris entre 24 à 28 semaines, de poids moyen de 952g – 18 garçons et 8 filles – traités dans un CHU français de type III, à l’unité de soins intensifs néonatals et au service néonatal où le programme NIDCAP est implanté depuis 2005. Pour tous les bébés, le soin kangourou était dispensé par leurs parents.
Les nouveau-nés ont été divisés en plusieurs groupes :
- Le groupe 1 : le peau à peau était initié dans la première semaine de vie – 15 enfants
- Le groupe 2 : le peau à peau était initié après la première semaine de vie – 11 enfants
- Le groupe A : le peau à peau était pratiqué quotidiennement – 16 enfants
- Le groupe B : le peau à peau était irrégulier, une fois tous les 2 à 3 jours -10 enfants
- Le groupe I : la durée du peau à peau était supérieure à 3 heures par jour – 10 enfants
- Le groupe II : la durée du peau à peau était inférieure à 3 heures par jour – 16 enfants
Les résultats :
Comparaison entre groupe 1 « initiation précoce » (dans la première semaine) et groupe 2 « initiation plus tardive » sur :
- les taux de broncho-dysplasie pulmonaire -BDP – étaient significativement plus bas dans le groupe initiation précoce ( OR = 10,67 ; IC à 95 % : 1,70-66,72 ; P < 0,015)
- Aucun enfant du groupe 1 « initiation précoce » n’a développé de cholestase , contre 4 dans le groupe 2 « Initiation tardive » (P>0,05)
- Les infections nosocomiales sont survenues de façon significativement moins fréquentes dans le groupe 1 « Initiation précoce » (OR=6,75; 95% CI 1,06-42,84; P=0,051)
- Les enfants du groupe 1 avaient une prise de poids quotidienne meilleure (P=0,073)
Comparaison entre le peau à peau quotidien – groupe A- ou irrégulier – groupe B :
Les infections nosocomiales sont survenues de façon significativement moins fréquente dans le groupe A de peau à peau quotidien ( OR = 15,0; 95%; CI 1,5-149,7)
Comparaison entre le Groupe I ( durée supérieure à 3 heures/j) et groupe II (durée inférieure à 3h/j) de soin peau à peau :
- Les infections nosocomiales sont survenues de façon significativement moins fréquente dans le groupe I d’une durée de peau à peau supérieure à 3 heures/j ( OR = 7,00 95%; CI 1,2-40,83)
- L’allaitement maternel au moment de la sortie était plus souvent installé chez les enfants du groupe I (peau à peau plus de 3h/J) (OR = 7,00; 95%; CI 5%; CI 1,2-40,83)
Les conclusions des auteurs :
Le peau à peau précoce, régulier et prolongé a un impact positif sur la santé des prématurés. En particulier, un soin peau à peau précoce est associé à un risque réduit de survenue d’une broncho-dysplasie pulmonaire, d’une cholestase et d’infections nosocomiales. Un contact quotidien prolongé peau à peau est associé à une incidence plus faible d’infections nosocomiales, et favorise l’allaitement maternel.
Impact de la précocité et de la durée hebdomadaire du soin kangourou au cours de la première semaine de vie du prématuré
Dans cette étude menée sur 101 prématurés et parue dans l’American Journal Of Perinatology en septembre 2018, les auteurs ont souhaité explorer si le peau à peau pouvait aider le bébé prématuré à faire face au stress environnemental et s’il existait un effet doso-dépendant.
On peut mesurer la résilience au stress, en mesurant le tonus vagal cardiaque, c’est-à-dire la variabilité de la fréquence cardiaque à haute fréquence (HF-HRV) ; en effet, une HF-HRV élevée présente des avantages pour le développement des prématurés. Des études antérieures ont démontré que le contact peau à peau améliore la résilience au stress ; cependant, les liens entre le contact peau à peau et la variabilité de la fréquence cardiaque à haute fréquence n’ont pas été évalués.
Les auteurs ont souhaité vérifier l’hypothèse selon laquelle l’augmentation de la fréquence des épisodes de peau à peau améliorerait la variabilité de la fréquence cardiaque haute fréquence, réduirait la morbidité néonatale et améliorerait les résultats sur le plan du développement.
Des électrocardiogrammes hebdomadaires et des données cliniques ont été recueillis sur 101 nouveau-nés prématurés.
La fréquence de contact peau à peau a été établie à partir du dossier médical électronique.
Les résultats
Dans la première semaine de vie, la fréquence des épisodes de peau à peau et la variabilité de la fréquence cardiaque haute fréquence, étaient positivement corrélées (p = 0,02) ; d’autres régressions ont montré une réduction du nombre de jours où la ventilation et l’oxygénation ont été nécessaires, et une réduction de la durée de séjour hospitalier. Une variabilité de la fréquence cardiaque haute fréquence prédisait également un âge postmenstruel (PMA) plus bas à la sortie (p < 0,01), et donc une sortie plus précoce.
Conclusion des auteurs
Une fréquence plus élevée des épisodes de peau à peau a été associée à une augmentation de la variabilité de la fréquence cardiaque haute fréquence, pendant la première semaine postnatale.
Nombre et durée des épisodes de peau à peau et variabilité de la fréquence cardiaque haute fréquence étaient les seuls prédicteurs de la diminution de la morbidité néonatale pendant toute la durée de l’hospitalisation. De même, ils étaient les seuls prédicteurs pour une sortie à un âge gestationnel plus précoce pour le domicile.
Augmenter les épisodes de peau à peau précocement augmente la résilience au stress et améliore les résultats pour la santé des enfants prématurés.
Auteur : Laurence GIRARD